Projets de création parfum
Rose pluvieuse
J’ai imaginé une rose comme touchée par la rosée —fraîche, juteuse, presque fruitée.
Un corps poire vient habiller la rose turque, comme si la fleur s’était gorgée de pluie douce à l’aube. Cette note apporte une tendresse lumineuse, moderne, presque translucide.
En fond, le cèdre de Virginie apporte sa structure sèche et fusante, tandis que le santal d’Inde, crémeux et enveloppant, prolonge la sensualité florale dans un sillage intime.
Des muscs blancs viennent unir l’ensemble comme une seconde peau, douce et persistante.
Cette création s’ouvre sur un éclat de néroli lumineux, adouci par un accord noix de coco crémeux, presque lacté, qui évoque instantanément la chaleur d’une peau dorée au soleil. Le cœur révèle une alliance inattendue et audacieuse : un accord pop-corn aux nuances gourmandes, fondu dans la sensualité exotique de l’ylang-ylang. Originaire de Madagascar et des Philippines, cette fleur solaire que j’affectionne tout particulièrement déploie ici ses facettes charnelles, florales et légèrement fruitées.
Le fond, enveloppant et velouté, marie la douceur des muscs à un accord figue lacté et au bois de santal, pour une signature olfactive douce, solaire et élégante.
Quand on le sent, on est immédiatement transporté : il évoque une évasion sensorielle, comme un souvenir de vacances, la chaleur du soleil sur la peau, les embruns, les rires, le sable chaud. Il y a dans cette fragrance un esprit monoï revisité, plus texturé et plus moderne.
Ce parfum est pour moi une déclaration d’amour à la lumière, à la chaleur, à la liberté des jours d’été.
Le Soleil
Cette composition s’ouvre sur une envolée glaciale : un trio de galbanum, de menthe crépue et d’aldéhydes qui, mêlés, créent un souffle saisissant, aussi vif qu’un courant d’air pur en haute altitude. La tête est tranchante, presque coupante — une sensation comparable à celle de respirer l’air froid et cristallin de la montagne.
Au cœur, la myrrhe se marie au pin de Sibérie, libérant des facettes résineuses, vertes et terreuses, évoquant la densité des forêts de conifères, les sous-bois humides, la mousse, les champignons... C’est une véritable immersion sensorielle, comme une marche silencieuse dans les hauteurs, enveloppé par la nature brute.
En fond, la cannelle, la vanille et la fève tonka viennent réchauffer la composition avec douceur et profondeur. Une chaleur subtile, enveloppante, presque tactile — comme enfiler un vêtement épais et chaud après avoir affronté le froid de l’altitude. Ce contraste entre la morsure du froid et la chaleur rassurante était essentiel : il incarne cette dualité propre à la montagne.
Ce lieu m’inspire profondément. Face à ces masses rocheuses immenses, on se sent à la fois petit et apaisé. La montagne, avec sa force silencieuse, nous reconnecte à l’essentiel. Cette fragrance est une ode à sa grandeur tranquille, à ses forêts profondes, à son air pur, et à cette sensation unique d’être à la fois seul… et pleinement vivant.
Éclat Givré
Ce parfum est né un soir d’été, à Marseille, dans un bar perché face à la mer.
Le ciel était doré, la mer calme, et j’avais une Piña Colada à la main. C’est là que tout a commencé : le mariage inattendu entre la douceur de l’ananas et de la noix de coco et la fraîcheur salée de l’air marin a créé une émotion olfactive que je n’ai jamais oubliée.
J’ai voulu capturer cette sensation unique dans une fragrance moderne, lumineuse et pleine de contraste.
Un parfum qui évoque à la fois la joie d’un cocktail sur la plage, la présence humaine, et la sérénité d’un soir d’été.
La tête s’ouvre sur une fraîcheur instantanée : la menthe, aux facettes vertes, dynamise le mélange. Le néroli, doux et miellé, apporte une chaleur solaire au cocktail.
L’ananas, avec sa vivacité zestée et acidulée, donne du peps, tandis que l’accord noix de coco, crémeux et lacté, ajoute de la profondeur et du velouté.
Au cœur, la framboise développe une note poudrée et caramélisée, presque ambrée. Le cassis apporte une touche plus vive et légèrement soufrée. La vanille, douce et onctueuse, lie les fruits rouges dans un voile sucré. Le jasmin, enfin, dévoile une facette subtilement animale, presque charnelle, qui évoque la présence humaine dans ce paysage de carte postale.
Puis vient le fond, comme les dernières minutes d’un après-midi passé au soleil. Le verre est vide, mais il reste sur la peau une trace salée, un souvenir de mer et de sable encore tiède, que la fraîcheur du soir commence à apaiser.
L’eau de mer apporte une note minérale, limpide, et le grain de sable, une texture douce et chaude, presque tactile.
Cooktail VIP
Depuis toujours, je suis fasciné par cet animal extraordinaire, l’orque. Ce mammifère marin, à la silhouette contrastée de noir et blanc, incarne une énergie pure et une élégance naturelle, presque magique. Sa présence évoque à la fois la vigueur profonde des océans et la douceur fragile de la vie qui s’y déploie. L’orque est pour moi un symbole vivant, un être à la fois sauvage et majestueux, qui captive par son mystère et son intensité.
Pour rendre hommage à cette créature fascinante, j’ai choisi des matières premières qui traduisent l’essence même de son univers. La Calone et la Floralozone apportent une fraîcheur marine cristalline, une sensation d’air iodé et limpide qui évoque les embruns, le souffle du large et cette immensité bleue où l’orque évolue. Le Curgix vient compléter ce tableau en insufflant la vivacité des algues vertes, cette énergie végétale salée, essentielle pour plonger au cœur du monde marin, vibrant et vivant.
Pour évoquer la chaleur intérieure et la présence vivante de l’orque, malgré la froideur des eaux, l’Ambroxan déploie une douceur sensuelle, une véritable seconde peau olfactive. L’Amber Xtreme et l’Ambrarome Absolue amplifient cette impression, insufflant une chaleur animale, presque charnelle, qui traduit la vie palpitante sous cette apparence froide et puissante.
L’Isobutyl Quinoléine incarne le contraste saisissant de l’orque : son caractère cuiré, sombre et profond fait écho à la robe noire et mystérieuse de l’animal, qui encadre la pureté éclatante de son blanc. Cette dualité, vigueur et élégance, lumière et obscurité, est au cœur de la composition. Enfin, le Jasmonal H vient arrondir le tout, apportant une texture huileuse et enveloppante, presque tactile, rappelant la douceur lisse et humide de la peau de ce mammifère marin.
Pourtant, derrière cette fascination, il y a aussi une réalité douloureuse. L’image des orques enfermées dans des bassins de Marineland, privées de leur liberté naturelle, me touche profondément. Ces créatures majestueuses, qui peuvent vivre jusqu’à 90 ans en milieu sauvage, voient souvent leur vie réduite à 25 ou 30 ans en captivité, soumises à des spectacles qui trahissent leur nature. Cette réalité m’attriste et donne à ce parfum une dimension supplémentaire : celle d’un appel silencieux à la protection, au respect et à la liberté de ces êtres.
Orca est ainsi bien plus qu’un parfum. C’est un hommage vibrant à la beauté indomptée et à la puissance des océans, un souffle salé et vivant, porteur d’émotions profondes. C’est un rappel doux-amer que cette grandeur doit être célébrée, comprise et surtout préservée.
Orca
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