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L’arbre d’en face

Chaque jour, il est là. Mais ce jour-là, en hiver, c’est une mésange bleue qui en révèle le secret.

Nous sommes près de Lyon, dans mon appartement, un lieu que je connais par cœur, mais qui réserve toujours quelques surprises à qui sait observer. Juste en face de la fenêtre, il y a un arbre, pas immense, pas particulièrement remarquable, mais il est à la hauteur exacte de mon étage, ce qui en fait un vrai théâtre vivant. Je le regarde souvent, parfois sans y penser, parfois avec plus d’attention, car c’est un refuge discret pour de nombreux oiseaux. J’y ai déjà croisé des mésanges charbonnières, un pic épeiche, des merles noirs, et bien d’autres encore, selon les saisons, les heures et les lumières.


Ce jour-là, c’était l’hiver. Une de ces journées où le froid s’installe, sec, et où les branches semblent presque rigides sous le givre. Je regardais dehors, comme souvent, et puis elle est arrivée. Une mésange bleue. Petite, vive, délicate. Elle s’est posée avec grâce, sans bruit, sur une des branches de l’arbre. J’étais là, derrière ma fenêtre, mon appareil à portée de main, prêt à la photographier.

Mais évidemment, rien n’est jamais simple. Chaque fois que je voulais déclencher, quelque chose n’allait pas : une branche devant elle, un contre-jour trop fort, ou simplement un angle impossible à corriger sans pouvoir bouger. Depuis ma position, je ne pouvais ni avancer, ni reculer. Je devais attendre. Juste attendre qu’elle décide, elle, de se placer au bon endroit.


Et puis, après un bon quart d’heure, sans prévenir, elle a pris un peu d’altitude, elle a remonté lentement les branches, comme si elle voulait dominer l’arbre. Et là, elle s’est posée, exactement à la pointe, en face de moi, à ma hauteur. C’était parfait. Elle ne bougeait pas, elle regardait autour d’elle, et pour une fois, j’avais cette chance rare de pouvoir photographier une mésange non pas d’en bas, comme on les voit presque toujours, mais face à face.

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