
L’invitée du ciel
Au sommet d’un immeuble du Cap d’Agde, une mouette et un regard humain se croisent dans un jeu de distance et de confiance, dessinant un instant rare entre béton, ciel et mer.
C’était au Cap d’Agde, en haut d’un immeuble moderne, quelque part entre ciel et mer. Nous venions d’arriver pour trois jours, l’air encore chargé de route et de soleil. À peine les valises posées, nous nous sommes arrêtés un instant, attirés par la vue. De là-haut, le vieux port se dessinait au loin, et l’horizon découpait la mer dans une lumière dorée. C’était l’heure de manger.
Le repas s’est terminé dans le calme, avec le bruit des mouettes comme fond sonore. Mais cette fois, l’une d’elles ne s’est pas contentée de tourner dans le ciel. Elle est venue jusqu’à nous. Posée sur le bord du balcon, elle fixait notre table avec insistance, l’air à la fois curieux et affamé. Elle ne criait pas, elle attendait. Présente, patiente, presque polie.
Nous avons tout débarrassé. Rien pour elle. Mais elle est restée. Comme si elle espérait encore quelque chose — pas forcément à manger, peut-être juste un peu d’attention.
C’est là que le jeu a commencé. Pendant quinze minutes, j’ai tenté de m’approcher. Un pas, elle s’envolait. Je m’éloignais, elle revenait. Un ballet silencieux, une sorte de négociation invisible. Jusqu’à ce qu’enfin, elle accepte. Ma présence, ma lenteur, mon regard. À sa manière, elle m’a laissé entrer dans son espace.
J’ai pris la photo à ce moment précis. Elle ne montre pas seulement une mouette. Elle raconte ce fragile équilibre entre distance et confiance. Ce petit instant suspendu où l’animal, sans vraiment l’expliquer, vous accorde sa présence. Pour moi, ce n’était pas une simple rencontre urbaine — c’était une scène de bord de mer, entre ciel, béton et liberté.