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Le festin des ailes silencieuses

À l’Étang des Rosières, un oiseau saisit sa mouche, puis disparaît dans l’été.

À l’Étang des Rosières, à Bourgoin-Jallieu. J’aime venir marcher ici, sentir l’air chaud de juillet, écouter le bruissement des feuilles et le léger clapotis de l’eau. Ce jour-là, tout le long du chemin, les oiseaux semblaient absents. Pas de héron majestueux, pas de canard glissant sur l’eau, pas de mésange curieuse venant de brancher les arbres. L’endroit, pourtant si vivant habituellement, paraissait silencieux, presque suspendu dans le temps.


Après une bonne heure, je regarde au loin les vaches paisibles, et je poursuis ma promenade, en laissant l’air chaud envelopper chaque pas. Puis, soudain, un mouvement attire mon attention. Là, sur une branche fine et solitaire, un oiseau est apparu. Il était seul, posé avec légèreté, comme s’il avait choisi ce moment et ce lieu pour exister juste pour moi. Je ne pourrais jamais dire exactement de quelle espèce il s’agissait : le contre-jour l’a transformé en silhouette, et tout s’est passé si vite que son identité est restée un mystère.


Mais, comme souvent avec ces petites créatures, rien ne dure. À peine quelques secondes plus tard, il disparaît. Une fusée de plumes qui s’évanouit dans l’air chaud de juillet. Je me demande ce qu’il fait : va-t-il rejoindre sa famille ? Ses amis ? Chercher de quoi nourrir ses petits ? Ou simplement s’abriter, ou boire ? Impossible à dire. Ce n’est qu’en regardant la photo plus tard que je comprends un peu mieux. Dans le coin supérieur droit de l’image, un point, les ailes battantes, semble approcher. Et soudain, plus rien. Je me dis alors que probablement il a attrapé une mouche, ou quelque petit insecte, et que le repas fut rapide.

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