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Les danseurs de l’écume

Au large, dans l’attente silencieuse, surgit la grâce imprévisible des dauphins

C’était en mer, quelque part entre ciel et profondeur. Nous étions partis vers 14 heures à bord d’un bateau, avec en tête ce rêve d’apercevoir des dauphins et peut-être des baleines. Au début, tout était calme. Juste les moteurs et le clapotis de l’eau. Puis, au bout d’une demi-heure, le rythme change. L’équipage ralentit. On arrive dans une zone connue pour leur passage. Le silence devient attente. Les regards cherchent.


Et soudain, ils sont là. Un groupe de dauphins surgit de l’eau, comme s’ils nous attendaient. Joyeux, joueurs, pleins d’énergie. Ils s’approchent, sautent, prennent les vagues de face, comme s’ils jouaient avec le bateau, eux aussi, dans le vent, dans l’écume, dans la lumière. Moi, j’essaie de suivre avec l’appareil. Mais c’est un jeu presque impossible. On ne sait jamais où ni quand ils vont apparaître. Il faut viser dans le vide, espérer déclencher au bon moment, photographier la mer dans l’espoir qu’un corps jaillisse pile à cet instant précis.


Des centaines de clichés. Peut-être des milliers. Et parmi eux, seulement quelques-uns où la magie s’est laissée prendre : une forme, un saut, un éclat. Et c’est souvent dans ceux-là qu’on retrouve le plus la vérité du moment. Surtout à la fin, alors que le soleil descendait lentement derrière l’horizon. Une lumière dorée est venue caresser la mer, taper sur les flancs du bateau et envelopper les dauphins dans une lueur presque irréelle. Leur peau lisse reflétait le ciel, comme si l’eau et le feu du soleil s’étaient rencontrés un instant sur leur dos.

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